Page 23 - Quelques pages de «Dieu, la nature et nous»

AGIR 129
« Est-ce qu’on

accepte d’être pris

dans une lutte ? »

Camille Andres

Les médias l’ont baptisée la « pasteure des zadistes ». En 2016, Caroline Ingrand-Hoffet,
pasteure d’origine franco-suisse, a rejoint le combat contre la construction d’une nou-
velle autoroute contournant Strasbourg, à Kolbsheim dans le Bas-Rhin. Elle a apporté
son soutien personnel et moral à des militant•e•s locales•aux opposé•e•s au projet, mais
aussi à des activistes venus d’ailleurs et prônant la désobéissance civile – ou zadistes –
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qui ont établi une « zone à défendre » sur les lieux du futur chantier. Durant deux ans,
ces zadistes ont aussi trouvé une « base arrière » dans la salle paroissiale protestante,
pour tenir leurs réunions ou recharger leurs téléphones,
et partager un peu de la vie du village. L’action de ré- Comment avez-vous rejoint ce
sistance des zadistes n’a pas été émaillée de violences mouvement de lutte ?
CAROLINE INGRAND-HOFFET À
comme à Notre-Dame-des-Landes. Le combat a cepen- mon arrivée comme pasteure dans la
dant été intense sur le plan médiatique et juridique et commune de Kolbsheim en 2010, la
l’implication de la pasteure a engagé l’image de l’Église lutte contre cette autoroute ou GCO
protestante alsacienne. En septembre 2018, les travaux (grand contournement ouest) était
déjà bien présente. Je ne connaissais
ont bel et bien démarré sur le site, alors que les recours pas toute la problématique. Après
sur le fond n’ont, à ce jour, pas encore été jugés. La pas- m’être informée, il m’a paru évident
teure, quant à elle, poursuit son engagement en faveur que ce GCO était une aberration au
sens large. Entre mon arrivée dans la
de l’écologie. En novembre, c’est à coups de plume dans paroisse et ma prise de position mé-
l’hebdomadaire français Réforme qu’elle a prêché pour un diatique, il s’est passé six ans.
militantisme de complémentarité entre acteur•e•s chré- Regrettez-vous de ne pas avoir
tien•ne•s et de la société civile. Elle revient aujourd’hui agi plus tôt ?
sur son expérience de la militance et les leçons qu’elle tire Parfois oui, je me dis que j’ai été
de cette lutte perdue. lente au démarrage. J’ai rejoint ce
combat comme un ouvrier de la
dernière heure. Le GCO était une
menace latente, qu’on ne voyait pas,
et dont on ne sentait pas le degré
d’urgence. D’autre part, en arrivant
dans cette paroisse rurale d’Alsace,
moi qui débarquais de Suisse et de
la ville, il m’a fallu du temps pour

Caroline Ingrand-Hoffet sur le monument trouver mes marques. Durant cette
érigé après la lutte, symbole de la résistence même période, je suis devenue deux
contre le projet du GCO à Kolbsheim. fois maman… Nos disponibilités
Des messages de militant•e•s ont été placés
à l’intérieur. changent aussi selon nos phases de

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